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Fauxcheuse  La Guerre des Demoiselles  La mort

        La rébellion pour les droits d'utilisation de l'espace forestier.

Cet "guerre des demoiselles", a touché l'Ariège de 1829 à 1872. Totalement absente des livres d'histoires.

       Depuis des temps immémoriaux, les paysans pauvres des Pyrénées utilisaient gratuitement la forêt pour survivre : troncs d’arbres pour construire leur habitation, bois mort pour se chauffer, pacages pour de petits troupeaux, braconnage et cueillette sauvage, défrichement et brûlis pour une mise en culture de quelques parcelles…sous les accort de certains seigneurs et roi.

Mais avec la Révolution de 1789, ces communautés deviendront des communes qui resteront propriétaires de ces forêts.

Avant la révolte

Les conditions de vie

Ces montagnards ont des condition de vie de plus en plus rudes. Ils consomment leur propre produit .Ils vivent en autarcie dans des vallées cloisonnées où les moyens de communication sont difficiles. trés peu connaissent Ie qui se passe à l’extérieur.   ils ignorent même les changements successifs de régime depuis la Révolution : de 1815 à 1830, voici Napoléon Ier, Louis XVIII, Charles X. Louis-Philippe : quatre souverains en quinze ans !

Ils s’en sont d’autant moins aperçu que pour eux la France est un pays lointain et que leur langue maternelle est et demeure gasconne. Le “ breich ” ou le “ masc ” remplace avantageusement le médecin ; des êtres surnaturels peuplent toujours leurs forêts et leurs habitats. Comment, dans ces conditions, pourraient-ils analyser la situation qui leur est imposée et connaître les vrais responsables de tous leurs maux ?

Mais ceux qu’ils rencontrent régulièrement, ce sont les charbonniers qui détruisent leurs forêts au profit des maîtres de forges, et les gardes forestiers qui sont les agents permanents de la répression.

Ces derniers sont particulièrement redoutés et détestés par les paysans pauvres qui les ont surnommés les “ salamandres ” en raison de leur 

Paysan Ariège

uniforme jaune et noir. En effet, ces gardes sont payés par 

                   l’État ou par les propriétaires privés… plutôt mal que bien, à tel point que pour “ arrondir ” leurs fins de mois ou de trimestre, ils n’hésitent pas à laisser des villageois les plus riches frauder dans la forêt… quitte ensuite – ils sont assermentés – à désigner les paysans pauvres comme auteurs des délits 

 

L’industrie

                              « le pays du fer et des hommes » était désignait l’Ariège par Napoléon Ier.  Pour ses hommes (l’armée) et pour ses mines de fer.

A cette époque en effet, l'industrialisation naissante et le chemin de fer récent réclamaient davantage de charbon de bois, produit par les charbonniers dans les forêts, alors que les mines de charbons n’était pas encore au goût du jour et ne pouvaient encore subvenir à la demande faute de capacité de transport.         

Forge Ariège

le rendement industriel est en forte augmentation. Déboisèrent sans pitié pour alimenter aussi les forges et des mouline. Le cours du bois subissait une inflation galopante en raison de cette forte demande. La population des vallées augmente, la forêt restait incontournable pour la survie de la communauté.

 Le code forestier 

Le code forestier sera voté en 1827 loi votée le 27 mai par le gouvernement.
L’état a laissé deux années aux communautés de vallées pour faire appliquer la loi, depuis son vote. Ce code mettra le feu aux poudres dans l’Ariège !
Lors des débats parlementaires, le député Terrin de Santas justifie cette loi : “ L’industrie dont la prospérité augmente tous les jours demande à nos forêts d’immenses ressources que les fouilles dans les entrailles de la terre ne peuvent remplacer, surtout pour la qualité du combustible ”.
"Le Code impose une nouvelle réglementation de l'usage des forêts, en particulier concernant le ramassage du bois, les coupes et surtout le pâturage désormais Mis en défens ( interdit )"1 , le droit de marronage ( exploitation du bois de construction ) , et les droits de chasse, de pêche et de cueillette, sont aussi remis en cause.
L'état se dépêcha sur place toute une série de petits fonctionnaires et représentant de l'ordre; gardes forestiers, gendarmes et juges pour réprimer les moindres infractions.


  Les franchises

Franchises et droits d’usage ancestraux furent ainsi supprimés et par voie de conséquence tout paysans qui continuait à les pratiquer était considéré comme un “ hors la loi ” et condamné à de fortes amendes ou embastillé ! Pour Saint-Girons, on cite le nombre de procès-verbaux pour délits forestiers qui ne cessera d’augmenter chaque année : ils étaient de 192 en 1825, ils seront de 830 en 1833 et de 2300 en 1840 !

Un vieillard s’est même vu condamner à Tarbes à 11,60 F d’amende – plus les dépens et dommages-intérêts – pour avoir récolté dans un bois 25 cl de glands !… Heureusement que le ridicule ne tue pas !!!

Quand les communes et les paysans réclamaient l’exercice de leurs droits immémoriaux, les juges complices des maîtres de forge exigeaient la production de documents écrits qu’ils savaient disparus depuis longtemps !

Et pour asservir totalement les populations indigènes qu’ils avaient privées de leurs terres ancestrales et de leurs moyens de subsistance traditionnels – selon des procédés utilisés dans tous les pays colonisés –, ces mêmes propriétaires forestiers se rendaient maîtres de tout le petit commerce local : plusieurs disettes s’en suivirent ; misère et répression caractériseront cette période dans la haute Ariège, la barguillière, le haut Comminges et le Pays de Sault.

la révolte

La montée en Puissance

          A Sentein dans l’Ariège  Le jeudi 4 septembre 1828, les paysans sont en colère et prennent la mairie d’assaut pour montrer leur bonne foie. Ils sont à la recherche de documents disparus ! C’est que les nouveaux propriétaires forestiers, qui sont souvent aussi maîtres de forge, contestent aux communautés paysannes des Pyrénées la propriété des forêts dont elles avaient hérité depuis l’Antiquité ou le Moyen Âge.

Revolte massat

Le zèle des gardes Forestiers semble accentuer l'injustice ressentie par les habitants de ces vallées couserannaises surpeuplées et pauvres.

Les Premiers Demoiselles sont en fait des bandes de paysans masqués plus ou moins armés (des faux, des bâtons, des haches, quelques fusils de chasse), et plus ou moins déguisés en femme : le visage noirci, une peau de mouton ou un tissu sur la tête et les braies ( chemises ) par-dessus les pantalons ( ils se débraillaient ). Tout ceci pour ne pas être reconnues. Très dynamique ils apparaissent et disparaissent pour prendre en embuscade les forces de l'ordre là où on ne les attend pas. 

             A l’image de ces nombreuses apparitions séculaires de fées ou de vierges miraculeuses qui peuplent sur la chaîne pyrénéenne “ las tutas deras hadas ” ou “ las tutas de las fadas ”…

Elles apparaissent pour la première fois dans la vallée de Barlonguère en avril 1829, puis s'étend dans le Massatois et le canton d'Oust.

Contraint par  la justice de montrer leurs titres de propriété disparu, ces paysans pauvres, accablée par le désespoir, ils entreprennent des actions qui marqueront la mémoire collective de ce pays. Ainsi, en février 1829, dans la forêt de Bethmale, des agents de la répression – les fameux gardes-forestiers payés par les propriétaires privés ou l’État et que la population surnommera les Salamandres – perquisitionnent sans ménagement les maisons de quelques paysans isolés. Surgissent alors huit hommes déguisés et armés d’instruments divers, qui les chassent… C’est le début d’une insurrection permanente.

La révolte s'étend dans plusieurs vallée des Pyrénées, dans Le Cousserant (Castillon ), les Comminge et même près de Saint-Lary en vallée d’Autrech.

Dès janvier 1830, les Demoiselles sont maîtres du terrain non seulement dans le sud de l’Ariège, mais aussi depuis Aspet et Saint-Béat en Haute-Garonne jusqu’à Belcaire dans l’Aude !

 

                      Esclarelemonde you tube  Voir la vidéo La guerre des demoiselles Par Dom09110

 

Les Actions

             Dans l’espoir de se débarrasser des charbonniers, des gros propriétaires forestiers et de leurs gardes, les Demoiselles vont pratiquer vont harceler en permanence par des lettres de menace des placards sur des édifices publics,  des raids à domicile…dans un premiers temps ces actions déstabiliser l’adversaire.

Ces lettres souvent dans un français fortement occitanisé dont la plupart écrites par de simples paysans démontre une population unis et complice.

Rapidement des attaques surprises se mettent en place. Par de petits groupes très mobiles les demoiselles se fondent dans la nature et dans la population. Ces l’actions des prennent de l'importance. 

Intrusion d'un groupe manifestant entre dans la Marie de Massat en réclament la surpression des taxes sur le ramassage du Bois et le départ des gardes forestiers. 

Deux compagnies d’Infanterie serons détache pour  surveillance de Massat. Rien n’arête les manifestant, le 17 février  le groupe renforcé de 800 encercler les troupes de Charles X. grâce a l’habile négociation conduite par le maire-adjoint Galy-Gasparrou qui permit la levée du sièg

.Revolte paysan Ariège

une catastrophe a été évité.

Maintenant les gardes-forestiers et les charbonniers même encadrés par des soldats hésiteront dés lors à accomplir leur mission. ils sont traités de "poltrons visionnaires".

Courrant 1830 l’ampleur de la révolte qui atteint environ 150 000 personnes, dont la plupart des jeunes de moins de 20 ans. Il s’agit plutôt de petits groupes très mobiles de quelques dizaines d’hommes dans chaque village, avec chacun son chef, qui évoluent d’une manière autonome sur un terrain qu’ils connaissent bien. Des hommes qui disparaissent rapidement après une action de commando et que l’on retrouve aussitôt après paisiblement occupés dans leurs champs !

 

 Répression de l’état

Au moment même où Charles X puis Louis-Philippe Ier entreprennent la conquête militaire de l’Algérie, le gouvernement français tente d’occuper l’Ariège pour réprimer avec force la rébellion en envoyant un ancien des guerres napoléoniennes, le général Lafitte, à la tête d’une armée de 13 compagnies d’infanterie de ligne et 8 brigades de gendarmerie, soit une moyenne d’un militaire pour 126 habitants ! Sans grande efficacité.

 Ces paysans de la montagne connaissent parfaitement leur pays face à des militaires “ étrangers ” avec le soutien de toute la population.

 Des arrestations auront bien lieu, des procès en cours d’assises à Foix et à Toulouse seront tenus avec force publicité pour effrayer la population, mais faute de preuves suffisantes les accusés seront souvent relâchés… Et ceux qui seront condamnés passeront pour des héros aux yeux de tous !

Devant l’inefficacité de ces procès, le gouvernement va durcir la répression.

 Des amendes de plus en plus considérables et exigibles sur le champ frapperont les communes de l’Ariège. Augmenter les impôts directs de 70 à plus de 450%. Mais quels bénéfices peuvent retirer un gouvernement sur des gens qui n’ont presque rien ?

 Le nombre de verbalisations et de saisies de troupeaux en délit se multiplient, à partir de cette date : les procès verbaux passent de 200 en 1825, à 1000 en 1829.

 

 Vers La victoire des Demoiselles

 

Louis-Philippe se rend compte qu’aucune forme de répression ne viendra à bout de ces obstinés et des négociations vont alors s’engager dès la fin de 1830. Une commission paritaire départementale des forêts est constituée : elle est composée d’un côté de l’État et des propriétaires forestiers et de l’autre des communes. Les droits d’usage ancestraux de ces dernières sur les forêts sont étudiés.

Guerre demoiselle

Cette jacquerie submerge le Castillonnais" et s'étend rapidement dans tout le Couserans.

Cette révolte est connue et entendue de Toulouse à Paris, dès 1830 se joue au Théâtre des Variétés "Le Drame des Demoiselles". En effet elle ridiculisa le pouvoir parisien, incapable de faire face à cet révolte spontanée, audacieuse et carnavalesque qui continuera pendant quarante à une.


 Le 24 janvier 1830, défilent à Balaguère, le jour de la fête locale, des Demoiselles armées de sabres, de fusils, et de haches. Trois jours plus tard, 400 à 500 personnes entrent en force à Massat et y défilent en criant : "A mort les gardes forestiers"

 Le 17 février1830, c'est la même chose, avec un effectif doublé : le maire de Massat évite de justesse l'affrontement. Dans la nuit du 10 au 11 mai, à Saleich à la limite du Couserans, un garde forestier tue un des assaillants de sa maison.

 Le 13 mars 1830, Hippolyte Galy-Gasparrou notaire et maire-adjoint de Massat tombe face à une “armée” de Demoiselles qu’il décrit ainsi :

“ Le chef avec qui je parlais était d’une taille très élevée, portait un jupon par-dessus son pantalon de bure grise, avait une peau de mouton sur la tête qui lui recouvrait la figure, où il avait fait trois ouvertures pour y voir et respirer; il portait un sabre de cavalerie légère. Un autre, armé d’une hache et d’une taille ordinaire, était recouvert d’une chemise resserrée par une ceinture rouge où était attaché un pistolet d’arçon ; il avait la figure barbouillée de noir, avec des poils de cochon implantés sur toute la figure, et principalement les sourcils et la lèvre supérieure; il était coiffé d’un vieux shako. Le reste de la troupe était à peu près costumé de la même façon. “ 

 Avril 1830, A Boussenac, c'est 60 demoiselles qui attaquent les métairies de la famille Laffont, trois jours plus tard, la commune est condamnée à payer 20000 francs à la famille Laffont : puis dans la nuit du 3 au 4 avril 1830, les Demoiselles anéantissent le reste des bâtiments et des plantations.

  A partir de l'été 1830, les interventions vont se faire plus violentes. "La révolution 1830 fit l'effet d'huile sur le feu". Le mouvement des Demoiselles s'étend dans toute l'Ariège, et s'attache maintenant à provoquer les grands propriétaires, en particuliers les maîtres de Forges qui utilisent le bois en grandes quantités pour leurs usines métallurgiques : alors que les plus pauvres sont punis, les maîtres de Forges continuent à surexploiter la forêt pour leurs propres intérêts.

 Le 7 puis le 10 août, A Aston, au-dessus d'Ax les Thermes, après des menaces, le château Gudanes pillé.

 Le 15 août, à Ustou, les habitants de la vallée armés de haches, de bâtons, et d'objets divers, investissent avec "des hurlements et des vociférations épouvantables" la demeure de Jacques Saint Jean de Pointis, maire d'Ustou : ils brûlent les granges et pillent le château.

Le 27 septembre 1830, une Commission Départementale des Forêts est créée et mise en place, , elle est susceptible d'amener des solutions aux revendications des Demoiselles. Malgré une courte accalmie au  mois de novembre 1830 jusqu’en mars 1831, les émeutes reprennent. Certains propriétaires sont contraints de céder des droits aux Demoiselles sous cette pression importante, dévastatrice et impressionnante.

 Le 23 février 1831 une ordonnance ministérielle restaure le droit de pacage et celle du 27 mai 1831 supprime pour l’Ariège toutes les dispositions du code forestier de 1827 qui avaient enflammé la région. Et pour couronner le tout, une amnistie générale est signée, les condamnés sont libérés, toute poursuite judiciaire est stoppée. 

Le 23 février 1831, une ordonnance ministérielle restaure le droit de pacage et celle du 27 mai 1831 supprime pour l’Ariège toutes les dispositions du code forestier de 1827 qui avaient enflammé la région. Et pour couronner le tout, une amnistie générale est signée, les condamnés sont libérés, toute poursuite judiciaire est stoppée.

Revolte demoiselle ariège

 C’est incontestablement une grande victoire pour les Demoiselles et toute la population solidaire. Mais n’arrive-t-elle pas trop tard ? Ces quelques années de guérilla intense et de résistance contre les pouvoirs établis ont créé des réflexes d’auto-défense qui reflètent bien le tempérament de ces populations pyrénéennes. Montségur n’est pas très loin !

Durant trente ans encore donc, les Demoiselles apparaîtront et disparaîtront ici et là, plus sporadiquement certes mais avec autant de détermination.

 Le 7 mai 1832, A Ustou, les propriétés de M de Pointis sont encore ravagées par des incendies criminels., 50 habitants d'Ustou armés et costumés, chassent des charbonniers de la forêt à coups de fusils : ils sont chassés d'une parcelle vendue par M de Pointis.

 

Ainsi, en 1832, c’est l’attaque du château d’un maître de forge, le baron d’Allens. Ce sont aussi des pierres lancées contre les Salamandres deux ans plus tard. Vallee Masat

 En 1837, une compagnie du 17e de ligne est envoyée contre une vingtaine de Demoiselles dans la forêt de Bélesta.

 En 1848, Des gardes forestiers sont attaqués à coups de hache lors d’une manifestation des habitants de Mijanès accompagnés de Demoiselles au son des tambours.

 De 1848 à 1872 (c’est-à-dire durant la 2e République, tout le second empire et jusqu’après la guerre de 1870 et la Commune) 150 guérilleros arpentent encore à visage découvert les secteurs de Saint-Girons et de Massat.

Après 20 années de troubles plus où moins importants, les dernières interventions sont constatées dans le Massatois et la vallée de la Bellongue en mai 1866 et mai 1867, et pour se terminer en 1872.

 

La Fin

 

Le développement du chemin de fer et la découverte du minerai de fer lorrain freineront l’intérêt des forges d’Ariège et celui des coupes forestières. Ajoutons à cela le début d’un dépeuplement de ces montagnes.

Guerre demoiselle

"La Guerre des Demoiselles"  a été très intense entre 1829 et 1832. Après, leurs actions ont été plus sporadiques et éparses. Si au départ, cette rébellion n'avait pour but que de protéger les biens de survivance, elle s'est transformée sur toute l'Ariège en attaques et vandalismes pour faire pression, sur les propriétaires des bois et des forges, en pleine activité. "Touchés dans leurs intérêts les plus vitaux, les montagnards ariégeois avaient alors prouvés leur capacité à défendre des droits d'usages immémoriaux" 


 cette “ guerre ” ne fit que deux morts en 43 ans : du côté du parti de l’ordre, un garde forestier abattu par des paysans en 1867 ; et du côté des Demoiselles, François Baron tué par les “ Salamandres ” en 1832.

  

 

 

 Crée le 30 aout  2010

 Denis Wohmann

Le dahu-ariégeois

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Source : 

                                                                              
La Guerre des demoiselles de Louis Bourliaguet (1947)
La Guerre des demoiselles de Guy Vassa